Commentaire proposé par
Monique BERMOND BOQUIÉ

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Profondément concernés par le conflit israélo-palestinien, au travers de la presse, de la radio, de la télévision… nous tentons de suivre les étapes de cette tragédie : les avancées, les reculades, les volte-face, les promesses sans lendemain… Bref une politique sans cohérence, qui mène à la désolation, la misère pour un peuple, la peur permanente pour un autre.

Qu’il est loin le temps exaltant et plein d’espoir des Kibboutz ! Enfin le peuple juif martyrisé trouvait une terre d’asile. Une terre pour panser ses blessures et tenter d’oublier. Tout n’était, alors, qu’harmonie sous le ciel de Judée.

Hélas, au fil des ans, le tableau idyllique s’est brouillé, est devenu illisible. Il nous offre l’immense et désolante fresque d’un champ de bataille.

Comment l’opprimé est-il devenu l’oppresseur ?

C’est précisément ce que Dominique Caillat parvient par approches successives à nous faire toucher du doigt. La construction même du livre réussit à nous faire pénétrer au cœur du drame, à la suite de l’auteur – qui a des amis aussi bien Israéliens que Palestiniens – nous rencontrons, alternativement, les uns et les autres. Nous entendons leurs arguments, nous partageons aussi bien leurs douleurs, leurs colères, que leurs espoirs fragiles. Le fait d’entrer avec l’auteur dans les foyers supprime l’anonyme distance d’un article de presse. Il ne s’agit pas de « ceux-ci » ou de « ceux-là » mais d’une personne ou d’une famille qui raconte son quotidien. Et l’émotion surgit ! Elle surgit aussi des petits détails précisément glissés çà et là car Dominique Caillat pose un regard respectueux et amical sur les êtres qu’elle rencontre.

Beau choix de la construction littéraire à laquelle l’objectivité absolue de l’auteur, qui sait tout à la fois garder une distance pour expliquer la situation, s’ajoute un regard bienveillant sur la souffrance des habitants de ce (ces) pays déchirés.

Belle écriture qui va à l’essentiel mais en évitant d’être sèche. Les rares dialogues sont justes et le choix du récit narratif permet au lecteur de mettre ses pas dans celui de l’auteur.

Ce livre mériterait de rencontrer un large public. Son titre en forme de constat est une réelle mise en garde.

Monique BERMOND

PS : Petite suggestion pour une prochaine édition. Prévoir en « annexe » les dates et faits marquants permettant au lecteur de s’y référer fréquemment, au cours de la lecture ou après.

 

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